Très impliqué dans la rénovation énergétique, Philippe Alluin est ingénieur et architecte de formation. Il a créé ReeZOME en 2009 pour permettre aux copropriétés, notamment patrimoniales de réussir leur rénovation énergétique globale tout en étant bien accompagnées.
Profondément admiratif de la vision globale et très ouverte de son mentor, lui-même architecte et ingénieur Georges-Henri Pingusson, Philippe Alluin a appris à analyser toutes les dimensions culturelles, techniques, humaines, architecturales d’un bâtiment. Cette culture de plusieurs disciplines permet de construire ou de rénover avec les traces de l’histoire du bâtiment tout en étant inventif et innovant. « Très tôt, explique Philippe Alluin, j’ai adhéré à cette vision de l’architecture et j’applique ses conseils sur tous mes projets depuis trente ans. J’ai aussi enseigné dans le domaine de la construction et de l’économie des projets. Alors il m’a fallu me réinventer sans cesse. Ce qui m’a apporté une dimension d’ouverture aux choses et aux problématiques de société ».
Mission AMO
Au-delà de sa mission d’architecte ingénieur, Philippe Alluin s’est aussi lancé dans une mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage AMO (voir le dossier « L’AMO en copropriété, une nécessité pour la rénovation globale p 62 du numéro 63 d’octobre 2022). « Nous avons commencé, dit-il, à construire les immeubles que nous concevions. Puis notre métier a évolué progressivement pour aller vers la rénovation énergétique. Très tôt, nous avons été confrontés à la problématique de trouver des intervenants dans les domaines de l’ingénierie de conception qui accompagne les architectes. Nous nous sommes mesurés à la difficulté de les faire travailler ensemble. Alors en 2009, j’ai créé ReeZOME pour offrir une alternative à ces groupements de maîtres d’œuvre et reprendre la main sur la conception technique. Dès 2011, nous avons été happés par la problématique de la rénovation énergétique des copropriétés, et notamment celles à caractère patrimonial, suite à la rencontre d’André Berland, président du conseil syndical d’une grosse copropriété à Meudon la Forêt dans le 92. Cet homme était un précurseur dans la façon de gérer les travaux et déjà il mettait en avant la notion de rénovation globale et la nécessité de hiérarchiser les travaux en respectant l’architecture et l’histoire de la construction. Il avait l’intelligence du montage financier, juridique et technique. C’est par lui que j’ai découvert et intégré le monde la copropriété. La dimension humaine de cette rencontre m’a ensuite donné l’envie d’aller plus loin dans ce secteur ». Au même moment, Philippe Alluin a pressenti que l’AMO était essentielle à la rénovation énergétique et qu’elle pouvait servir les intérêts des copropriétaires indépendamment de la maîtrise d’ouvrage.
Revaloriser le patrimoine
Les immeubles rue de Vouillé à Paris, route de la Reine et Pierre Grenier à Boulogne Billancourt, les Hauts de Sèvres etc.., ce sont aujourd’hui plus de 2 000 logements en copropriété qui ont voté leur rénovation énergétique. « Ils ont réduit, se réjouit Philippe Alluin, leurs consommations et émissions de GES dans des proportions de 40 à 60 %. Nous avons travaillé aussi sur la production d’électricité photovoltaïque, l’installation de pompes à chaleur sur géothermie, de terrasses végétalisées et de systèmes de rétention d’eau de pluie, d’isolants biosourcés. Mais nous avons surtout contribué à la revalorisation de l’architecture de leurs bâtiments, autant d’actions les engageant dans le développement durable. Mon cheval de bataille c’est vraiment de rénover sans dénaturer le bâtiment, en lui redonnant sa dignité et en le replaçant dans son histoire tout en lui donnant bien sûr une dimension économique et écologique. J’aime à dire que l’architecture, c’est ce qui reste à la fin du chantier. Pour finir je souhaitais remercier les organisateurs des Grands Prix de la copropriété. Je suis très fier et honoré de recevoir ce Grand Prix dans sa première édition car dans nos métiers, il est difficile de faire le consensus. Ce prix en est le reflet ».