De la lettre D à la lettre B

La copropriété du 19 rue de Seine à Boulogne-Billancourt est composée de deux bâtiments des années 60. L’ensemble totalise 119 logements avec une chaufferie collective au gaz pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire.

À l’origine, les copropriétaires souhaitaient faire des travaux d’entretien avec un simple ravalement des façades et le traitement des balcons qui devenait urgent.
« En effet, explique Charles De Givry, gestionnaire de la copropriété et directeur de Fessart Immobilier, les deux bâtiments présentaient des problèmes sur le nez des balcons car les fers étaient rouillés. Nous avons fait intervenir des cordistes pour faire tomber les morceaux de maçonnerie impactés ». Le conseil syndical, le syndic et l’architecte ont mené une réflexion plus approfondie et après un audit énergétique, se sont positionnés, sur les conseils du cabinet d’architecture Atelier 11 Architectes, sur une rénovation énergétique plus ambitieuse.

Travailler sur la performance énergétique

Les copropriétaires ont bien compris que ces travaux valoriseraient leur patrimoine. « Nous en avons parlé sur trois assemblées générales, se souvient Michel Lecoq, président du conseil syndical, très actif et moteur sur le projet, avant de voter le projet final. Cette démarche progressive est très importante pour avoir l’approbation des copropriétaires qui seront au final les financeurs des travaux. Le projet a d’ailleurs remporté 87 % des voix en assemblée générale ». « Missionnés au départ pour un ravalement, nous nous devions de proposer une isolation par l’extérieur, confirme Magali Mascarello, architecte associée chez Atelier 11 Architectes. Le choix s’est porté sur de la laine de roche avec un revêtement enduit pour partie et un revêtement en bardage pour d’autres parties à des fins esthétiques. Si sur un projet, on pousse les copropriétaires à aller plus loin dans leur rénovation, c’est aussi pour qu’ils dépassent les 35 % de gains énergétiques pour obtenir le maximum de subventions et c’était le cas sur ce chantier, le taux de couverture des aides s’est élevé à 47 % ». « La décision d’un ravalement avec une isolation thermique par l’extérieur (ITE) était une évidence, relate Charles De Givry, car les bâtiments datant des années 60, n’avaient ni décors, ni modénatures sur les façades ».

Pas d’ITE sans ventilation

La copropriété était équipée de conduits shunt donc bénéficiait d’une ventilation naturelle. « Avec une ITE, précise Magali Mascarello, il était essentiel de basculer sur une ventilation mécanique contrôlée hygroréglable. Et là, il fallait que l’entreprise puisse avoir accès aux appartements ». « Nous avons la chance d’avoir un relais formidable pour la diffusion des informations, l’obtention des clefs en cas d’absence et la mise en place d’un calendrier, c’est la gardienne, souligne Michel Lecoq. Nous l’avons donc conviée à toutes les réunions de chantier pour qu’elle soit au fait de toutes les phases du chantier. Nous avons fait appel à elle aussi pour l’intervention dans les appartements pour les travaux de ventilation et de rabotage de certaines portes. Elle a été parfaite dans cette mission de relais et nous l’avons récompensée ». « Du côté des menuiseries, rappelle Charles De Givry, beaucoup de copropriétaires avaient déjà changé leurs fenêtres ou portes-fenêtres donc peu sont entrés dans cette phase de rénovation si ce n’est, pour certains, en mettant des volets roulants. Par contre, nous en avons profité pour changer les fenêtres des parties communes qui dataient de la construction. Nous avons opté pour des châssis en aluminium pare flammes pour améliorer la sécurité incendie de la résidence et du double vitrage ».

Le choix des couleurs

Sur cette copropriété, le conseil syndical a pris la décision de réunir le maximum de copropriétaires pour choisir les couleurs de la façade. « Le choix des couleurs est un sujet clivant et subjectif, estime Michel Lecoq. Le chemin vers la décision finale devait passer par la démocratie. Des réunions ont été initiées avec tous ceux qui souhaitaient participer au débat. Nous sommes arrivés au choix de deux teintes pour animer la façade. Il en fut de même pour les stores bannes dont la difficulté provenait qu’ils sont d’ordre privatif mais avec une esthétique commune. Ce ne fut pas facile mais nous avons obtenu un consensus ». Le chauffage n’était pas un sujet car leur chaudière au gaz était récente. Aujourd’hui, le gain de performance énergétique est de 56,5 % et 59,5 % sur chacun des bâtiments. « Les copropriétaires bénéficient d’un confort inégalé, confirme Charles De Givry. Même ceux qui habitent dans un appartement traversant s’en sont aperçus en été lors de la rénovation de la première façade ». « Le chantier a duré de septembre 2021 à mai 2023. Un an après la fin des travaux et deux saisons de chauffe, nous réalisons effectivement une baisse de notre consommation énergétique exprimée en m3, conclut Michel Lecoq. Malheureusement, le gaz ayant fortement augmenté, on ne le ressent pas autant sur nos factures. Les habitants sont globalement satisfaits du résultat et du confort obtenu. Notre copropriété détonne vraiment dans le quartier par rapport aux autres immeubles. Cela fait plaisir à voir ». La copropriété a intégré l’Opération Habitat Qualité de Grand Paris Seine Ouest en mai 2021 et a bénéficié d’une assistance à maîtrise d’ouvrage gratuite et de financements complémentaires sous forme d’une aide collective au syndicat des copropriétaires et d’aides individuelles sous condition de ressources. Cette rénovation énergétique a obtenu cette année le 2e prix Coach Copro 2024.

Nathalie Vaultrin

Quelques chiffres

Montant total des travaux et prestations intellectuelles : 1 692 000 €
Mission de maîtrise d’œuvre : 127 000 €
Autres prestations : 71 000 €
Lot ITE + menuiseries : 1 304 000 €
VMC : 160 000 €
Clôture : 30 000 €
Montant total des aides mobilisées : 798 000 €
Habiter Mieux Copropriété : 548 000 €
Opération Habitat Qualité – aide collective : 60 000 €
Aides individuelles : 190 000 €