En France, on estime à 20 000 les personnes qui pourraient travailler dans le domaine du syndic de copropriété comptant le gestionnaire, l’assistant et le comptable, le trio incontournable pour gérer un immeuble. Or aujourd’hui, le métier de gestionnaire ne fait pas rêver et peine à recruter. Quelles en sont les raisons ? Un manque de formations ?
En France, d’après les chiffres donnés dans le livre blanc co-écrit par l’ANGC (Association Nationale des Gestionnaires de Copropriété), le groupe Sergic et le Cefim (centre d’études et de formations immobilières Belge), ce sont 10 millions d’appartements qui composent un parc d’environ 430 000 immeubles en copropriété, dont 85 % sont gérés par un syndic professionnel. Un vaste vivier d’emplois dans un domaine pourtant passionnant, accessible et varié sur le plan des compétences (juridique, technique, comptable) et des missions à la fois techniques (travaux, bâtiment) et humaines. Alors pourquoi cette désaffection ? Par méconnaissance du métier, par manque de formation ? Les professionnels se mobilisent pour redonner à leur métier les lettres de noblesse qu’il mérite en travaillant sur des formations adaptées à chaque public, le jeune qui cherche un métier, l’adulte qui rêve d’une reconversion ou le professionnel qui souhaite progresser dans son secteur. « Notre métier est très complet et complexe, déclare Marie Schank, membre du bureau de l’ANGC (Association Nationale des Gestionnaires de Copropriété) et présidente de l’ANGC Formation. C’est principalement de l’humain avec des sujets sur lesquels on peut être plus ou moins à l’aise mais où l’on peut en se formant acquérir la compétence qui fait défaut. C’est un métier passionnant où l’on ne s’ennuie jamais, nous sommes toujours dans l’apprentissage. Chaque matin, en se levant, nous ne savons pas ce qui nous attend et comment va se dérouler notre journée. On fait de belles rencontres et on est toujours en mouvement. Pour exemple l’autre matin un résident m’appelle pour me signaler que son voisin était en train de casser un mur mitoyen. Un autre jour, j’ai dû porter plainte pour un vol d’ampoule. La richesse de notre métier, c’est l’humain et les échanges qui en découlent. Nous sommes en quelque sorte le support informatique de la copropriété, on nous appelle quand quelque chose ne va pas. On parle peu du salaire d’un gestionnaire mais nous n’avons pas à rougir. Un gestionnaire débutant tourne entre 37 000 et 40 000 € par an dans le 77 où j’officie. Ce salaire est évolutif et nos gestionnaires ne sont pas surchargés. Et contrairement à la transaction ou à la gestion locative, notre activité n’est jamais impactée par l’état du marché de l’immobilier, nous aurons toujours du travail ». « Le métier de syndic est un métier en souffrance, constate Dominique-Paul Dailly, directeur pédagogique expert copropriété chez Eurobail formation. En France, dès qu’un syndic fait un faux pas, la presse en fait ses choux gras et généralise ce méfait à toute la profession. Comment voulez-vous que les jeunes et les moins jeunes aient envie d’entrer dans l’arène. Ils se tournent vers la transaction qui se montre plus fun, plus simple et plus accessible ». « Il y a dans le monde de la copropriété un réel besoin en formation, témoigne Geoffrey Wion-Florens, codirecteur de la Licence de Droit « Juriste de copropriété » à l’Université de Toulouse Capitole. Les formations BAC +2 sont en général très peu orientées vers la copropriété et en BAC +3, celles qui sont dispensées dans les écoles privées sont en général onéreuses. Dans ce métier, portant, il y a plus d’offres que de candidats. Lorsque je fais une conférence sur le sujet avec l’ANGC et qu’au début nous demandons à la salle qui veut devenir syndic, à peine 8 ou 10 mains se lèvent. Et à la fin de notre présentation lorsque nous avons expliqué les différentes facettes de ce métier avec toute sa diversité, et que nous reposons la même question, ce sont plus d’une trentaine de mains qui se lèvent. Il y a réellement une méconnaissance incroyable du métier de syndic, même chez les autres professionnels de l’immobilier ! ». « Pour moi la formation existe, déclare Marie Debens, directrice de l’IMSI (Institut du Management des Services Immobiliers), ce qui manque ce sont les jeunes candidats. Le métier de syndic ne fait pas rêver. Je le vois dans mon école, ils ne veulent pas y aller. Des AG (Assemblées Générales) trop tardives, trop de stress, la gestion des conflits, ce sont les arguments qu’ils me donnent. Si l’on veut attirer les jeunes, il faut leur redonner envie, leur expliquer les belles perspectives de carrière, chaque alternant se voit offrir à l’issue de sa formation un CDI et parfois même plusieurs propositions. Il n’a qu’à choisir celle qui lui convient le mieux ! En plus, devenir syndic de copro n’est pas une fin en soi, il existe des passerelles vers d’autres métiers immobiliers ».
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