Dans le cadre de la tenue des premières assises nationale du diagnostic immobilier, un événement 100 % digital bien entendu, il nous a été donné les résultats d’une enquête sur la décence du logement vu par les Français.
Les diagnostiqueurs immobiliers de la Chambre des diagnostiqueurs CDI-FNAIM ont eu envie de recueillir le ressenti de la population française sur la décence du logement et voir s’il était en corrélation avec la réalité du terrain constatée au quotidien par les diagnostiqueurs immobiliers dans les maisons, dans les appartements. Ces derniers constatent un vieillissement du parc résidentiel entraînant des défaillances et des dégradations pouvant compromettre la sécurité, la santé, le confort énergétique et l’habitabilité des logements pour les habitants et leur voisinage. Une enquête d’autant plus bienvenue que l’exigence de rénovation énergétique du logement, pilier du plan de relance, fait le pari qu’améliorer la performance énergétique du bâti par des travaux va automatiquement améliorer la décence du logement. Cette enquête, premier baromètre sur la décence du logement, a été réalisée du 7 au 15 décembre 2020 par voie électronique sur un échantillon représentatif de la population française de 3 004 personnes par l’institut Becoming with Market Audit.
Des résultats divergeant en fonction de l’âge
93 % des Français interrogés trouvent leur logement décent et c’est plutôt rassurant. Mais quels sont les cinq critères de décence pour les Français ? Le tout premier critère est la présence de toilettes dans le logement pour 43 % des Français, le 2e concerne la conformité de l’installation électrique pour 32 %, le 3e c’est le fonctionnement du chauffage, la présence de fenêtres sur l’extérieur et une bonne isolation pour 21 %, le 4e, c’est l’absence de menaces pour la santé des occupants (nuisibles…) pour 19 % et le dernier la salubrité du logement (non-présence de moisissures…) pour 18 %. Ce qui est intéressant, c’est que l’on retrouve bien les critères définis par la loi sur les critères de tête. Cette enquête révèle également des disparités de priorité en fonction de l’âge des interviewés. Ainsi, les jeunes de moins de 30 ans sont plus critiques sur leur logement et sont plus nombreux à le trouver indécent. Ils habitent généralement en appartement, sont en location et n’ont pas les mêmes moyens pour se loger. Ils intègrent davantage des critères liés au confort comme l’accès par les transports en commun (c’est aussi une population qui loge plus en appartement), l’accès à un espace vert, la présence d’une baignoire, la sécurité du quartier, la luminosité… Les plus de 60 ans donnent plus d’importance aux critères techniques comme la surface suffisante, l’absence de menace pour la santé, l’absence de nuisibles, la ventilation, l’installation électrique aux normes…).
Et quid de la surface ?
Selon la loi, la surface minimale est de 9 m2 par personne. Les 2/3 des Français eux l’estiment à 33 m2 par personne et 20 m2 par personne supplémentaire, ce qui est loin de la réalité sur le terrain, notamment pour le logement des jeunes étudiants. Et pourtant, parmi les personnes interrogées qui jugent leur logement indécent, 57 % vivent en appartement dans un logement d’une surface de 35 m2 par personne.
Et l’impact écologique dans tout cela ?
L’efficacité énergétique n’est pas toujours prioritaire dans le choix d’un logement. Si pour 64 % des personnes interrogées, l’impact écologique d’un logement détermine sa décence, l’enquête démontre que pour 7 % qui déclarent leur logement indécent, l’isolation n’est pas prioritaire et obtient le plus mauvais score (17 %) lorsqu’ils évoquent leur propre logement. Certains pensent que les personnes à faible revenus ne peuvent pas se permettre le prix de l’écologie. Pour d’autres, l’impact environnemental est fondamental mais passe après le respect de la décence humaine. Un appartement peut être extrêmement énergivore et prodiguer une vie décente. La priorité se porte sur le logement et le quotidien des occupants (être chauffé, bénéficier d’une installation électrique correcte…), l’écologie est vue ensuite comme un bonus lorsqu’on peut se le permettre. Et pourtant, à partir de juillet 2020, certains logements considérés comme passoires thermiques ne seront plus louables ni vendables à moins de réaliser des travaux d’amélioration énergétiques (voir article en ligne DPE épisode 3). En conclusion, la décence du logement, sur les critères techniques définis par la loi, est plutôt bien approuvée et intégrée par les Français interviewés, bien que la loi elle-même soit assez peu connue et pourtant c’est en contradiction avec l’observation professionnelle des diagnostiqueurs immobiliers qui constatent tous les jours des critères d’indécence des logements qu’ils visitent.
Nathalie Vaultrin
Que dit la loi sur la décence ?
« Le propriétaire doit fournir au locataire un logement décent, c’est-à-dire un logement d’une surface minimum, qui ne constitue pas un risque pour la sécurité ou la santé du locataire, dans lequel il n’y a pas d’animaux nuisibles, qui respecte un critère de performance énergétique minimale, qui comporte certains équipements ».
Source : service-public.fr